Renault Alaskan

Le clone du Nissan Navara

Le marché du pick-up en Belgique et par extension en Europe ne représente pas grand-chose, pourtant on en croise un nombre assez important dans les rues. L'an dernier, les ventes de pick-up dans le monde se sont élevées à 4,7 millions d'exemplaires, dont seulement 3% en Europe. Quand nous avançons ce chiffre de 4,7 millions, nous parlons quand même de tous les modèles de pick-up, allant du petit avec 0,5 tonnes de capacité de charge, en passant par ceux bien connus chez nous qui ont 1,0 tonne de capacité et du Full Size pick-up qui est immensément populaire en Amérique mais que nous ne voyons que très peu ici.

Comme dans tout bon mariage, Renault et Nissan se partagent toutes les joies et les peines. Dans le cadre de l'Alliance, cela se traduit par le partage de pièces et de composants. Suivant l'exemple de ce qui s'est produit dans l'histoire de l'automobile américaine (Pontiac, Oldsmobile et Buick n'ont pendant longtemps été rien d'autre que des Chevrolet avec quelques détails spécifiques et leur emblème propre, les Mercury étaient des clones de Ford), Renault a appliqué quelques petites modifications cosmétiques à l'aspect extérieur du Nissan Navara (qui, à son tour, avait déjà emprunté le moteur et un certain nombre de composants mécaniques à la gamme de véhicules utilitaires Renault) pour le commercialiser sous le nom d'Alaskan. Pour une raison évidente: sur certains marchés, Nissan n'arrive pas à s'imposer tandis que Renault y est une marque très populaire, et vice versa. On peut se demander comment Mitsubishi va s'inscrire dans ce décor, mais l'avenir nous le dira.

Revenons à nos moutons. De face, l'Alaskan est clairement reconnaissable comme un véhicule Renault, mais c'est à peu près tout. A part peut-être quelques tissus de revêtement, l'intérieur des deux pick-up est identique, pas le moindre changement au tableau de bord et aux diverses commandes, et pour autant que nous avons pu en juger la mécanique aussi est la même. Il se pourrait tout au plus qu'un ressort différent ait été utilisé dans la suspension avant ou arrière, mais pour combiner une même capacité de charge utile avec un même comportement routier, tant sur route que sur le terrain, cela me semble peu probable.

Or ce “terrain”, nous avons effectivement eu l'occasion de le parcourir au cours de notre découverte de l'Alaskan. La Slovénie possède un grand nombre de bonnes routes qui ne sont pas trop encombrées, mais le pays est aussi constitué de grandes étendues de nature inviolée avec de grosses différences de niveau entrecoupées de sentiers rocailleux qu'on ne peut escalader qu'avec un bon 4x4. Je ne sais pas si c'était le but recherché dans l'itinéraire prévu, mais à cause d'une petite route barrée en raison de travaux, j'ai dû m'orienter visuellement sur le point de repère suivant, et le chemin le plus court pour y parvenir était un de ces sentiers rocailleux (au milieu de prairies verdoyantes, très jolies!) que je n'aurais pas aimé devoir gravir même à pied. Mais notre Alaskan l'a avalé avec le sourire, se hissant sur les rochers une roue après l'autre. Trop facile en fait, avec cette version de 190 ch et la boîte automatique à sept rapports. Mais quand même avec le différentiel arrière fermé et sur les rapports courts. A part ce différentiel verrouillable, l'Alaskan est équipé d'origine du contrôle de traction électronique, mais comme vous le savez celui-ci se sert des freins pour faire en sorte qu'une roue ne tourne pas plus vite qu'une autre. Ceci dit en passant, c'est en fait un usage utile d'une perte d'énergie, contrairement au différentiel à blocage mécanique qui distribue le couple de manière égale sur les deux roues du même essieu sans consommer de la puissance.

Un coup de chapeau au bonhomme qui a trouvé le nom du modèle Alaskan. Cela sonne à la fois costaud, aventurier et quand même raffiné. Un nom qui colle bien à l'engin. Mais c'est sûrement quelqu'un d'autre qui a sorti de son chapeau les dénominations correspondant aux différents niveaux de finition: Hayes, la base, Hunter, un peu plus haut, Foraker, crénom de nom, et Denali, la version au sommet de la gamme. Allez donc expliquer ça à vos copains au comptoir: j'ai choisi la Foraker, l'intérieur cuir de la Denali n'est pas pour moi... - LDR

LDR